[RENCONTRE] Déconstruire les stéréotypes avec l’association WAX Science


Quentin et Vera ont eu le plaisir de rencontrer trois membres de l’association WAX Science dans les locaux du C.R.I (Centre de Recherches Interdisciplinaires) et d’aborder les actions de médiation des sciences qu’elles et ils mettent en place.

Découvrir le site de Wax Science

 

Tout d’abord les présentations !

Pourquoi WAX Science ?

Ici, il n’est pas question de cire ou de matériel de ce genre…

What About Xperiencing Science est avant tout une invitation à découvrir les sciences avec celles et ceux qui les pratiquent et avec humour.

Née en 2013 avec la rencontre et la volonté de deux étudiantes du C.R.I, Aude Bernheim et Flora Vincent, afin de  “Promouvoir une science sans stéréotypes auprès des jeunes et la mixité dans ce domaine grâce à des outils numériques innovants”, l’association compte à ce jour une quarantaine d’adhérent·e·s dont Anouk, Jérémie et Joachim qui nous accordent une interview. 

WAX Science – Jérémie, Anouk et Joachim – décembre 2018 (c) Sème Ta Science

Cette rencontre étant programmée dans le cadre de notre dossier “Sexe, Genre & Médiation scientifique”, les questions fusent sur les projets menés pour lutter contre les stéréotypes de genre et amener plus de diversité dans les laboratoires de recherche.

Au programme de cette rencontre, les ateliers que proposent l’association auprès des publics scolaires, le phénomène d’autocensure des filles dans les filières scientifiques et techniques et aussi les actualités à venir de WAX Science (avec du podcast, des projets de recherches innovants et des rendez-vous à ne pas manquer).

Sème Ta Science : Bonjour Wax, comment vous présenter ? 

Anouk : Nous sommes une association étudiante majoritairement composée  d’étudiant·e·s du C.R.I. Nous existons depuis 5 années et notre objectif est de promouvoir une science qui soit ludique, sans stéréotypes et accessible à tous et à toutes. Pour cela, nos actions se concentrent sur trois grands axes principaux : la science, l’égalité et la jeunesse. Cela se décline par différents moyens d’action tels que notre site internet, qui contient toutes nos ressources (kits pédagogiques par exemple), l’organisation d’événements et la conception et l’animation d’ateliers que nous faisons dans des écoles mais aussi dans les universités. 

STS : Quel(s) type(s) d’atelier menez-vous dans les écoles ? 

Joachim : Cela va dépendre des âges. Pour les classes de primaire, nous allons axer sur des ateliers pour approcher les sciences de manière ludique. Ensuite à partir du collège, plutôt à partir de la quatrième et jusqu’au milieu étudiant, nous sommes le plus souvent appelés à intervenir sur la question des stéréotypes de genres en sciences. 

STS : Cette demande d’ateliers de déconstruction des stéréotypes de genre, vous la ressentez comment ? 

Joachim : Ce sont des demandes qui sont venues en même temps que la création de l’association. Au départ, nous avions du contenu accessible en ligne, par exemple une vidéo qui a été primée par un concours européen.

STS : Ce sont les bénévoles de l’association qui animent ces ateliers ? 

Jérémie : Nous formons les bénévoles et les personnes en service civique de l’association pour que ces ateliers soient diffusés le plus possible. Nous œuvrons forcément plus facilement en région Île-de-France mais cela nous arrive également de mener des ateliers dans d’autres académies et de former d’autres personnes. 

STS : Comment sont construits ces ateliers et comment évoluent-ils ? 

Anouk : Certains ateliers existent depuis la création de l’association alors nous les réadaptons si besoin mais la trame reste principalement la même. Nous proposons aussi d’autres formats et thèmes d’atelier. Nous nous mettons tou·te·s autour d’une table pour discuter des thématiques à créer en y mettant nos envies et nos idées. 

Jérémie : Notre volonté c’est avant tout d’apporter du débat dans nos ateliers plus que de venir avec des explications.

Nous préférons les formats discussion qui amènent à se poser plein de questions. 

 

STS : Est ce que les événements des années précédentes (“#BalanceTonPorc” par exemple) vous semblent avoir modifié l’approche dans les questions de genre, notamment auprès des plus jeunes  ? 

Jérémie : J’anime des ateliers depuis le début de l’association en 2013, et je ne peux pas dire que cette question soit nouvelle. Ce thème est ancré depuis quelques années. Je pense que c’est plutôt le format “déconstruction de stéréotypes” qui est nouveau. Cette approche est plus pertinente car elle soulève beaucoup de questions. 

STS : Si on remonte l’historique de votre association, elle est quasiment née pendant le mouvement de la Manif pour tous. Ce n’est pas une coïncidence ? 

Jérémie : Tout à fait. C’est exactement à cette même période. Il y a eu des choses compliquées, et sur le plan médiatique, beaucoup d’éléments se sont mélangés. Les médias n’ont peut-être pas réussi à expliquer ou à vulgariser l’intérêt fondamental de la déconstruction des stéréotypes. Nous avons pu bénéficier du travail accompli par le précédent gouvernement à ce moment-là dans le développement de nos activités. 

STS : Vous parlez aussi d’autocensure chez les femmes quand cela touche aux sciences. Qu’est ce que cela veut dire

Joachim : Les stéréotypes de genre naissent dès l’entrée à l’école. Nous observons qu’au lycée, à partir de la première, les filles sont moins nombreuses dans les filières scientifiques.

Chez les filles naît cette idée qu’elles ne sont pas suffisamment fortes en maths pour aller faire des sciences par exemple. Cela peut même être provoqué par des professeur·e·s sans qu’ils ou elles y prêtent attention.

 

En fait, cette autocensure, dès qu’il s’agit de sciences, nous la retrouvons aussi avec d’autres personnes. Quand nous parlons sciences, certaines personnes vont tout de suite nous dire “je n’y connais rien” mais cela ne doit pas empêcher d’en parler pour autant. C’est aussi sur cela que Wax travaille. Nous voulons parler de sciences avec tout le monde, apporter la confiance en soi pour que chacun·e se sente capable de parler de sciences … d’en faire. 

Anouk : Pour moi, c’est très différent ce phénomène d’auto-censure.

La société ne les encourage pas et cherche plutôt à les orienter vers des choses considérées comme plus accessibles ou plus “féminin”. 

STS : Il ne suffit pas de dire “Osez les sciences” pour que tout à coup, les filières scientifiques se remplissent de femmes. 

Anouk : Tout à fait. Il ne faut pas que tenter de changer la mentalité des élèves pour que cela marche. J’ai noté pendant ma scolarité que les professeur·e·s incitaient plus facilement les jeunes filles à aller dans les filières littéraires qu’en filières scientifiques. Elles sont moins encouragées à aller vers les sciences. 

STS : Est-ce que vous nous expliquez ce qu’est l’effet Golem ?

Anouk : C’est un phénomène qui fait que la société à des attentes moins élevées sur les femmes et donc cela ne les encourage pas à la performance. On diminue sa confiance en croire en ses capacités. À force de répéter que les filles ne peuvent pas réussir en sciences, elles finissent effectivement par penser qu’elles en sont moins capables. 

 
 
STS : Des projets en cours sur la thématique des stéréotypes de genre ?
 

Anouk : Nous avons l’idée de faire un podcast autour des femmes en sciences. C’est tout nouveau donc nous ne savons pas encore très bien quel format cela prendra mais ça va être plutôt chouette ! 

 

À suivre donc ! 

 

À ne pas manquer sur le site : 

Sur le site, vous trouverez une boîte à outils  avec plein de ressources à télécharger et à réutiliser si vous le souhaitez : jeux, affiches, argumentaires, quizz … C’est en accès libre alors autant ne pas se priver !

Actualité : 

Aude Bernheim et Flora Vincent, co-fondatrices de l’association, viennent tout juste de sortir un livre : L’intelligence artificielle, pas sans elles” dans la collection Laboratoire de l’Égalité des éditions Belin.

Bonus : 

Un gros coup de cœur pour la série d’articles “Les chroniques naturelles” présentées sur le site. Cette BD présente les aventures de deux “nuisibles” dans leur univers végétal avec une grosse dose d’humour et de jolis dessins.