[EXPO] Au-delà du réel ? rendez-vous avec l’invisible


L’exposition proposée dans le cadre de la biennale Némo au 104 est une invitation à explorer l’imperceptible de notre monde.

Comment les artistes donnent à voir des données scientifiques de différentes disciplines et en exploitant plusieurs formats (vidéo, graphiques, installations techniques, créations sonores)? Quels regards portent-ils / elles sur nos sociétés technoscientifiques ? Quels malaises ressentis entre nos perception du progrès et ses conséquences ?

Agathe et Vera y étaient et partagent leurs œuvres coup de cœur et leurs impressions de visite.

L’installation From Metropolis to Megalopolis to Ecumenopolis de Stanza

“C’est toute une salle d’exposition qui est entièrement consacrée à cette installation. Construite à partir de circuits imprimés et de silicium, c’est toute une ville et son organisation numérique que nous découvrons. Tout en gratte-ciel, ça bouge, ça fait du bruit, ça clignote. Aucun humain à part les visiteurs évidemment. Nous somme devenus spectateur·trice·s de cette vie organisée par nous et pour nous, et de laquelle pourtant nous semblons maintenant exclu·es. Personnellement, j’ai eu l’impression de plonger dans le décor d’un film de SF type Blade Runner et de me demander où est l’humain dans tout ça.

Hypnotique, subjuguante et ludique, cette installation touche à notre perception de la technologie omniprésente dans nos villes et souvent invisible. Elle donne l’impression de pouvoir s’étendre sous nos pieds à l’infini. Inquiétante, cette machinerie ne laisse aucune place à du vivant comme si cette vie artificielle avait pris le dessus sur tout le reste.” Vera

“Rien que pour cette salle, l’exposition vaut le coup. On se perd dans les dédales des “ruelles” en circuits imprimés, pris dans des boucles infinies d’analyse, de reconstitution, projetant sur des écrans des images et messages sans queue ni tête de vidéosurveillance et de fils twitter. Cela n’a aucun sens et pourtant cela ne rappelle que trop le bruit signalétique et électronique de nos vies.” Agathe

Court-métrage Empty places de Geoffroy de Crécy

“En résonance avec l’œuvre de Stanza, le film présente une vie dans laquelle les humains ont disparus mais dont tous les objets technologiques continuent de fonctionner. Tondeuse à gazon, tapis roulant dans les aéroports, escalators ou encore tourne-disque et photocopieuse continuent leurs petites valses quotidiennes. Sur l’air mélancolique de Sonate au clair de Lune de Beethoven, ce film offre une contemplation d’un monde disparu, le nôtre, dont seuls les objets restent. Une œuvre qui propose une exploration de nos sociétés sans humains, comme si notre disparition semblait déjà programmée.” Vera

Installation Probably Chelsea de Heather Dewey-Hagborg

“C’est une œuvre provocatrice pour les sciences. A partir de l’ADN de Chelsea Manning, l’artiste reconstitue plusieurs visages qui pourraient être les siens. Est ce que nos connaissances sur l’ADN sont suffisamment précises pour établir ce type de portraits ? Avec ses 30 masque imprimés en 3D, l’artiste nous montre trente versions possibles d’une même personne. Elle permet surtout de nous mettre en garde contre le profilage génétique qui se développe. Elle nous interpelle sur que nous pensons parfois être la vérité scientifique.” Vera

Installation Effet de champs de Stéphane Bissière

“Probablement, l’installation la plus captivante (en tout cas pour mes enfants !). Plusieurs fioles alignées dont le contenu, des ferrofluides, se met à faire une sorte de chorégraphie en fonction des champs magnétiques activés. Nous avons eu l’impression d’observer de nouvelles formes de vie qui se mettaient à danser en rythme. Fascinant !” Vera

Chorale de données I Heard There Was a Secret Chord de Mouna Andraos et Melissa Mongiat

“Mention honorable pour la salle d’installation sonore d’un chœur dans la pénombre, avec au mur un compteur du nombre de personnes en train de streamer la chanson Hallelujah, pendant que des visiteurs et visiteuses de l’exposition fredonnent l’air dans des micros qui pendent du plafond, se joignant aux voix qui baignent la pièce. En s’asseyant sur le banc, on sent les vibrations des voix et on a en quelque sorte l’impression d’être entré dans la machine, perdu dans les méandres de fibres qui permettent à des centaines de personnes d’écouter la même chanson partout dans le monde.” Agathe

+ d'infos sur le site du 104 Paris
Jusqu'au 2 janvier 2022 !